Hassan Haffar
La « suite » rassemble des pièces chantées et instrumentées de différents poèmes de forme libre. Son principe musical est fondé sur la notion de mode mélodique, et c’est lui d’ailleurs qui lui confère son identité. Chaque « suite » a sa saveur. Son interprétation varie en fonction des écoles et des chanteurs, qui évoquent trois univers : les poèmes d’amour, les poèmes bachiques et la nature. Utilisés en alternance, ils désignent cependant un thème unique : l’attente de l’être aimé.
Hassan Haffar interprète en soliste ces onze « Suites d’Alep » en s’accordant une très grande liberté d’expression. Son art musical et vocal mêlant intériorité et sensualité prouve encore une fois à travers ces trois albums qu’il est un maître du genre.
De nos jours, la « suite » ne survit que dans la seule ville d’Alep.
Tracklist
Part 1
Ce premier CD présente trois suites musicales (wasla) dans les modes Yekah (titres 1 à 4), Nahawand (titres 5 à 11) et Râst (titres 12 à 14)
1 – Sâhi qum lil-hâni/Ami, allons à la taverne – 3’35
2 – Husnuki n-nishwân/Ta beauté qui enivre – 2’36
3 – Mubarqacu l-jamâli/La beauté cachée – 1’28
4 – Bi’abî bâhi l-jamâli/Ta beauté éclatante – 4’54
5 – Ramânî bi sahmi hawâhu/Un faon m’a lancé – 2’23
6 – Munyatî cazza stibârî/ Ô mon espérance – 1’40
7 – Subhâna man sawwar husnak/Gloire à Celui qui a créé ta beauté – 7’53
8 – Hâti sqinîha/De tes mains – 4’35
9 – Lamma badâ yatathannâ/Quand il apparaît – 3’37
10 – Qultu lamma ghâba cannî/La lumière de ton visage – 3’26
11 – Min yom habbet/Depuis le premier jour – 2’03
12 – Yâ turâ bacda l-bicâd/Après tant d’éloignement – 2’58
13 – Hâdhi l-manâzil/Chamelier, arrête-toi – 3’44
14 – Yâ curayban/C’est toi que je préfère – 2’30
Part 2
Ce deuxième CD présente quatre suites musicales (wasla) dans les modes Hijâz (titres 1 à 3), Zanjarân (titres 4 à 6), cAjam (titres 7 à 10) et Sikah (titres 11 à 15)
1 – Yâ la-qalbî/Aïe mon cœur – 5’35
2 – Mâ ihtiyâlî/Que faire mes amis – 3’57
3 – Yâ fâtin al-ghizlân/Ô faon ensorceleur ! – 4’22
4 – Talcat al-badr al-munîr/Radieux comme la lune – 2’40
5 – Ayâ dâraha bi-l-huzn/Ô triste demeure de la bien-aimée – 2’12
6 – Basama az-zahru/Les fleurs sourient – 6’27
7 – Munyatî sîd al-milâh/Mon désir, seigneur de beauté – 3’01
8 – Ijmacû bil-qurbi shamlî/Unissez-moi à lui – 2’08
9 – Yâ mâlikan minnî fu’âdî/Toi qui possèdes mon cœur – 3’04
10 – Ayqadha l-hubbu fu’âdî/L’amour éveilla mon cœur – 2’18
11 – Ramâ qalbî/Mon cœur est la cible d’un faon – 3’42
12 – Badat lanâ/Elle nous apparut – 1’59
13 – Yâ nahîf al-qiwâm/Ô taille élancée – 2’01
14 – Mâ aqsara al-layla/Comme la nuit est courte ! – 2’19
15 – Law kunta tadrî/Si tu savais – 1’21
Part 3
Ce troisième CD présente quatre suites musicales (wasla) dans les modes Kurd (titres 1 à 6), Bayâtî (titres 7 à 9), Bastanikâr (titres 10 à 11) et Nakrîz (titres 12 à 14)
1 – Yamurru cujban/Il passe, l’air hautain – 2’27
2 – ‘Adhdhibûnî/Torturez-moi – 3’47
3 – Yâ ghazâla al-ramli/Faon du désert – 2’30
4 – Fî l-rawd anâ shuft al-jamîl/Dans le jardin, je vis une beauté – 3’50
5 – Yâ dhâ al-qiwâmi al-samhariy/Beauté à la taille élancée – 3’11
6 – Yâ bahjat al-rûh/Délice de mon âme – 2’10
7 – Kahhala al-sihru/Yeux ensorceleurs – 5’27
8 – Ibcat lî jawâb/Envoie-moi un message – 8’07
9 – Billâhi yâ bâhî/Par Dieu, ô noble seigneur – 0’51
10 – Aqbala as-subhu/L’arrivée de l’aube – 3’56
11 – Aqbala as-sâqî calaynâ/L’échanson s’approcha de nous – 3’05
12 – Yâ qiwâm al-bân/Taille de saule – 3’14
13 – Zâranî tahta al-ghayâhib/Sous couvert de la nuit – 2’19
14 – Bayna Qasyûnin wa Rabwah/Entre Qâsyoun et Rabwa – 3’07
Interprètes et instruments
Hassan Haffar (chant)
Abdullatif Altounji (chœur)
Taher Khantoumani (chœur)
Rachid Khantoumani (chœur)
Nizar Sabbagh (chœur)
Moustapha (chœur)
Farouk Sabouni (chœur)
À propos
La suite ou wasla
La « suite », ou wasla, signifie en arabe « ce qui relie ». Ce terme de musique savante apparu au Proche-Orient au XIXe siècle remplace une forme très ancienne, celle de la « nouba », terme francisé de l’arabe nawba, qui signifiait littéralement « attendre son tour », ou le « tour donné à un musicien pour jouer à la suite d’un autre » ; se relayant pour chanter, les musiciens enchaînaient ainsi plusieurs pièces dans un concert.
La « suite » ou wasla rassemble des pièces chantées et instrumentées de différents poèmes, dont le muwashshah. Ce terme, qui évoque en arabe une « mantille brodée symétriquement de perles et de bijoux dont la femme se pare », est une poésie au style simple, transparent, spontané et raffiné, née en Andalousie vers la fin du ixe siècle. Ce nouveau poème de forme libre va s’opposer à la qasîda classique, de construction rigoureuse, qui est une des premières formes musicales de la culture arabe apparue à l’époque préislamique. En tant que forme chantée, le muwashshah est toujours mesuré, tandis que la qasîda est un poème monorime qui se présentecommeune improvisation vocale en langue classique. La qasîda est le seul modèle de chant poétique connu jusqu’à l’invention du muwashshahandalou.
Dans la musique arabe la structure rythmique est un élément de base, et la « suite »est fondée sur une série de mouvements ordonnés où l’accélération de chacun produit de nouvelles formules rythmiques. Ces métriques développent une notion de tempo, chacune constituant une dynamique propre. En fait la notion de tempo importe peu, c’est l’accélération qui compte, car elle autorise de subtils changements et transformations des schémas métriques, permettant par exemple de passer de quatre temps à sept ou dix temps.
La « suite » est une succession de chants à l’unisson qui juxtapose une série de mouvements qui ne sont pas tous forcément interprétés lors d’un même concert.Son principe musical est fondé sur la notion de mode mélodique que l’on nomme maqâm,et c’est lui d’ailleurs qui lui confère sa cohérence et son identité. Chaque « suite» a sa signification définie et sa saveur, elle doit être jouée à un moment précis. Il n’y a pas d’interprétation standard de chaque « suite », elle varie en fonction des écoles et des interprètes.
Le terme de « suite » apparaît pour la première fois en France en 1557 dans un recueil de Pierre Attaignant intitulé « Suyttes de bransles ». Cet éditeur de musique fut le premier à employer le système de caractères mobiles de Pierre Haultin pour l’impression musicale. La « suite», succession de mouvements assez courts liés thématiquement les uns aux autres, écrite d’abord pour luth ou clavier, devient dès lors une réalité de la musique en Europe et la base de la future symphonie. Elle verra son plein épanouissement au XVIIIe siècle avec Georg Friedrich Haendel et Johann Sebastian Bach à travers leurs suites pour instrument solo ou pour orchestre. Que l’idée de la « suite » se soit fortement développée en Andalousie c’est une évidence, bien qu’elle figurât déjà dans un écrit de la fin du Xe siècle à Bagdad.
Les thèmes de la « suite » arabe forment trois genres singuliers : les poèmes d’amour, les poèmes bachiques et les thèmes de la nature. Utilisés en alternance, ils désignent cependant un thème unique : l’attente de l’être aimé.
Hassan Haffar interprète en soliste ces onze « suites d’Alep » en s’accordant une très grande liberté d’expression. Son art musical et vocal mêlant intériorité et sensualité prouve encore une fois à travers ces trois albums qu’il est réellement un maître du genre.
De nos jours, la « suite » ne survit que dans la seule ville d’Alep.
Abed Azrié
Détail des enregistrements
Part 1
Ce premier CD présente trois suites musicales (wasla) dans les modes Yekah (titres 1 à 4), Nahawand (titres 5 à 11) et Râst (titres 12 à 14)
1- Sâhi qum lil-hâni/Ami, allons à la taverne – 3’35
Ami, allons à la taverne
Nous abreuver de vin,
Sa coupe est semblable à la pléiade
Qui guérit de toute folie.
Entre fleurs, prairies et ruisseaux
Quel soleil de splendeurs
Venu d’Ispahan.
2- Husnuki n-nishwân/Ta beauté qui enivre – 2’36
Ta beauté qui enivre et la coupe qui désaltère
Ont ranimé le temps de ma jeunesse
Tel un rêve lumineux,
Les jours de ma vie ont passé.
Je suis déjà ivre et la coupe est encore pleine,
Quel vin de paradis m’as-tu servi !
3- Mubarqacu l-jamâli/La beauté cachée – 1’28
Toi qui possèdes la beauté cachée,
Toi la perfection,
Aie pitié d’un amoureux
Qui ne désire que proximité et amour.
Sois généreux,
Apaise la flamme de ma passion
Avec ta salive de miel.
J’ai anéanti en toi mon âme
Sans jamais écouter les conseillers.
Pour ton visage auroral
Ma folle impudence devient licite.
4- Bi’abî bâhi l-jamâli/Ta beauté éclatante – 4’54
Je donnerais la vie de mon père,
Pour cette beauté unique
A la taille ensorceleuse
Qui surpasse l’éclat de la lune.
Mais ce serait peine perdue.
J’ai crié : tu es l’élue et le désir suprême
Accorde-moi de te voir,
Ô rameau ensorceleur
Tu es la splendeur même,
Ô frère de la lune, pour qui je sacrifierai ma vie
Qui subit ton éloignement récolte l’abîme.
Dès que tu apparais, tu éclaires l’univers
Ma coupe resplendit, limpide,
M’offrant le miel le plus doux.
J’ai anéanti en toi mon âme
Sans jamais écouter les conseillers.
Pour ton visage auroral
Ma folle impudence devient licite.
5- Ramânî bi sahmi hawâhu/Un faon m’a lancé – 2’23
Un faon m’a lancé des flèches d’amour.
Sa demeure est proche mais lui est inaccessible
Sa démarche de gazelle fait tourner le cœur des hommes
Laissez-le anéantir mon âme, mes entrailles
Je suis heureux d’être la proie d’une telle beauté.
6- Munyatî cazza stibârî/ Ô mon espérance – 1’40
Ô mon espérance, ma patience s’épuise
La passion d’amour ne cesse de croître,
Que de lances, que de flèches décochées par tes regards dois-je éviter !
Secourez-moi, ô amis
Donne-moi le droit de l’aimer
Je suis épris d’un amour lointain
Le feu dévore mon cœur las de patienter
Il promet mais ne tient ses promesses
Ou plutôt, dois-je te dire, Peu m’importe
Va ton chemin, et laisse-moi en paix
7- Subhâna man sawwar husnak/Gloire à Celui qui a créé ta beauté – 7’53
Gloire à Celui qui a créé ta beauté,
Et t’a élevé au sommet des splendeurs
Celui qui a comblé ton allure de lumière.
Ne t’éloigne pas de moi, l’ami,
Viens à ma rencontre le vendredi
Evite la compagnie de tout autre que moi
Le voisin ne mérite-t-il les meilleures faveurs.
8- Hâti sqinîha/De tes mains – 4’35
De tes mains verse-moi à boire
Un vin pressé de tes joues
Pour te racheter des tourments
Que m’ont infligés tes yeux délicats.
Ont commis envers moi.
J’offrirai ma vie pour toi,
Mais quand tu viens
Ne sois pas renfrogné.
9- Lamma badâ yatathannâ/Quand il apparaît – 3’37
Quand il apparut, se déhanchant,
Mon aimé de sa beauté nous subjugua.
D’une œillade il nous conquit
Ce rameau étincelant quand il se pencha.
Ô malheur, ô misère
Personne pour entendre ma plainte
Sinon, la beauté souveraine.
10- Qultu lamma ghâba cannî/La lumière de ton visage – 3’26
Que soit protégée la lumière de ton visage
Quand de moi elle s’est éloignée, j’ai crié :
Par Dieu, ma détresse va m’emporter
Elle me distille le goût du trépas.
Mes yeux ont coulé comme des sources
Mes paupières ont perdu le sommeil.
Mon cœur est épris, mon désir s’accroît,
Quand viendras-tu, amour ?
Mes yeux ont perdu leur éclat,
Aie pitié de mes yeux, ma lune.
11- Min yom habbet/Depuis le premier jour – 2’03
Depuis le premier jour,
L’amour m’a fait perdre le sommeil,
Mes pensées se sont égarées.
Si l’aimé pouvait être juste
Un seul jour avec moi,
Je ne parlerai pas de ce feu qui me brûle.
Ma patience ne me sert de rien,
Alors que son cœur penche pour autre que moi ?
La passion de l’amour n’apporte
Qu’humiliation et fâcherie !
Las d’être blâmé, ma patience s’est épuisée,
J’en ai assez qu’il redouble ses réprimandes
Si l’ombre de mon aimé me visitait dans le sommeil,
Mon secret ne serait point dévoilé.
12- Yâ turâ bacda l-bicâd/Après tant d’éloignement – 2’58
Après tant d’éloignement,
Mon bien-aimé tiendra-t-il ses promesses ?
Il est mon seul désir, ma fortune,
Celui qui m’a dérobé le cœur et la raison.
Ah si après tant d’éloignement, il revenait
Que je le vois à mes côtés !
Le sommeil a fui mes paupières
En quoi ai-je fauté.
13- Hâdhi l-manâzil/Chamelier, arrête-toi – 3’44
Arrête-toi, chamelier,
Voici le campement de l’aimée !
Laisse ton troupeau se reposer entre les bambous et les feuillages
Et va à la rencontre d’un cœur devenu
Fou d’amour, blessé
Par les lances que lui ont décochées les yeux des gazelles
Par Dieu,
Toi qui ne cesses de m’ignorer
Et dont l’amour voulu m’a conduit au trépas
Ne t’en vas pas chamelier,
Le peu de force qui me reste
Ne me permettra de te faire mes adieux.
14- Yâ curayban/C’est toi que je préfère – 2’30
Ô nomades qui ont campés parmi nous,
De tous les humains vous êtes mes préférés
Ils ont plantés leurs tentes dans mon cœur
Et fait couler de mes yeux tant de larmes.
Le feu de leur embrase mon cœur
Et mes yeux ne trouvent plus le sommeil.
Viendra-t-il le jour d’une nouvelle rencontre, seigneurs
Ah si je pouvais les voir, ne serais-ce que dans mes songes.
Part 2
Ce deuxième CD présente quatre suites musicales (wasla) dans les modes Hijâz (titres 1 à 3), Zanjarân (titres 4 à 6), cAjam (titres 7 à 10) et Sikah (titres 11 à 15)
1- Yâ la-qalbî/Aïe mon cœur – 5’35
Aïe mon cœur, je me suis consumé
Qui m’aidera à m’approcher
D’un ange qui de mes entrailles s’est emparé
Et à mon âme il ne cesse de susurrer
Dans mes tourments, mon dépérissement, mes ténèbres
A l’horizon, entre les voiles de la nuit, m’apparut
L’éclat d’une bouche souriante
Un jardin, un étang, un sermon.
Je visitai un jardin fleuri qui me salua,
Rougissant de pudeur
Les fleurs furent enivrées par l’aimé
Ah, les fleurs qui embrassent l’aimé, beau comme la pleine lune !
Es-tu installé dans le ciel
Ou est-ce toi qui éclaire le ciel
Et les astres qui pendent telles tes entrailles !
2- Mâ ihtiyâlî/Que faire mes amis – 3’57
Que faire mes amis
Avec un faon qui apprend
Au rameau comment se contorsionner
Quand il se pencha
La passion me fit perdre toute contenance
De moi, en fait, il s’est détourné.
Est-ce par cupidité ou par coquetterie ?
Je ne sais.
3- Yâ fâtin al-ghizlân/Ô faon ensorceleur ! – 4’22
Ô faon ensorceleur !
Pardonne et parle-moi
J’en ai assez d’entendre les gens calomnier
Parce que tu es fâché.
Ma nuit est sans fin
Mes larmes coulent sans cesser
Ô comble de mon espoir,
Ton amour m’a rendu fou
De quel droit, ô humains,
L’aimé m’abandonne,
Et laisse les gens de moi se moquer !
Ta taille élancée
M’a mis dans une telle affliction
Ô comble de mon espoir,
Ton amour m’a rendu fou.
4- Talcat al-badr al-munîr/Radieux comme la lune – 2’40
Aussi radieux que la lune en sa plénitude,
Ô beauté éclatante
De ton amour je suis captif
Tu es la perfection
Tant de personnes sont esclaves de ton amour
Tout ce que je désire :
C’est te complaire.
5- Ayâ dâraha bi-l-huzn/Ô triste demeure de la bien-aimée – 2’12
Ô triste demeure de la bien-aimée
Proche, mais pour l’atteindre que de dangers
Quand la nuit tombe,
Mon désire brûle
Mon cœur bat à tout rompre
L’eau de mon pays m’aurait suffi
Mais la boisson rouge d’al-Karkh est sans pareille
6- Basama az-zahru/Les fleurs sourient – 6’27
Sur les collines les fleurs sourient,
Telles de belles couronnes d’or scintillantes
Sur les plaines se répand le parfum de la soie chatoyante,
Où jaillissent les narcisses
Dès qu’ils voient poindre une faible lumière,
Ils ferment leurs cils
Se fanent, s’assoupissent,
Tels les yeux d’un insomniaque
Un rossignol chante, un oiseau roucoule,
Un étang qui rend jaloux la source jaillissante,
Mais de tout cela mon cœur las n’a que faire.
7- Munyatî sîd al-milâh/Mon désir, seigneur de beauté – 3’01
Mon désir, seigneur de beauté !
Une face qui apparaît telle l’aurore
Dégaine une lance invincible
Qui fait subir à mon cœur tant de blessures
Adresse un salut, ô beauté parfaite,
A ce cœur transi qui aspire à te rencontrer
Les larmes coulent sur ses joues
Il se plaint de tant de douleur
8- Ijmacû bil-qurbi shamlî/Unissez-moi à lui – 2’08
Unissez-moi à lui, rassemblez mon corps éparpillé
Autorisez-moi une rencontre.
Renouez mes liens à mon aimé
L’éloignement est de goût amer
Bien des amoureux avant moi
Ont souffert d’amour
Pourtant, a-t-on jamais vu
Parmi les humains
Quelqu’un d’aussi tourmenté que moi
Par la séparation
9- Yâ mâlikan minnî fu’âdî/Toi qui possèdes mon cœur – 3’04
Toi qui possèdes mon cœur
Toi qui me prives de sommeil
Jusqu’à quand ignoreras-tu mon amour
N’ai-je pas tant enduré !
J’erre de passion, je me suis consumé
Tu es ma destination, tu es ma destinée
Accorde-moi une rencontre, ô amour,
La séparation n’a-t-elle trop duré !
10- Ayqadha l-hubbu fu’âdî/L’amour éveilla mon cœur – 2’18
L’amour éveilla mon cœur
Las de toute passion
Malgré moi, il se répandit
Dans mes veines et dans mes os
Ô aimé, ma fidélité sans limite
Doit-elle appeler ton courroux !
T’éloigner de moi c’est ma mort
Ô lune en sa plénitude.
11- Ramâ qalbî/Mon cœur est la cible d’un faon – 3’42
Mon cœur est la cible d’un faon
Aux yeux sans pareils
Bordés de cils noirs
Miel sont ses lèvres,
Fleuve du paradis
Qui me reste inaccessible
La beauté brune est mon souverain
Mais ses lois sont inflexibles
Visage à l’éclat de lune
Gloire et prosternation à son Créateur !
12- Badat lanâ/Elle nous apparut – 1’59
Sous les plus heureux auspices
Nous apparut un éclat qui effaça la nuit
Beauté solaire sur un frêle rameau
Qui parade avec sa traîne
La brise d’est provient de sa vallée
C’est elle que désirent tous les regards
La fille à l’abri de sa tente
Beauté sans pareille
Qui rend honteuses toutes les lunes
13- Yâ nahîf al-qiwâm/Ô taille élancée – 2’01
Ô taille déliée
L’éloignement est péché
Empli de vin ma coupe
Et sers-moi de ta main
Toute boisson qui emporte l’esprit
Face à ta beauté devient licite
Tu es le plus beau, le plus gracieux,
Maître, que Dieu te glorifie
Et flétrisse ceux qui te jalousent
L’espoir de te voir s’évanouit
C’est devenu intolérable
Que faire, seigneur,
Nous sommes tes esclaves
Ordonne et nous obéissons
14- Mâ aqsara al-layla/Comme la nuit est courte ! – 2’19
Comme la nuit est courte pour l’endormi !
Comme le mal est léger pour qui rentre chez lui !
Ne te suffit-il ce que tu as laissé
De mon âme ne reste que les débris !
Je ne renierai point ce que tu as donné
N’ai-je embrassé un myrte
Qui par une nuit fraîche répandit son parfum !
Si l’on nous avait vus sous couvert de la nuit
On nous aurait crus
Un seul et même corps
15- Law kunta tadrî/Si tu savais – 1’21
Si tu avais su ce que faisait l’amour
Tu ne m’aurais privé de ton amour
Un faon aux yeux noirs,
Au visage délicieux
Le rameau de honte se tiendrait coi
En le voyant se balancer
Toi dont l’amour a anéanti mon cœur
Tu es la lune en plénitude
Non : tu es plus beau
Part 3
Ce troisième CD présente quatre suites musicales (wasla) dans les modes Kurd (titres 1 à 6), Bayâtî (titres 7 à 9), Bastanikâr (titres 10 à 11) et Nakrîz (titres 12 à 14)
1- Yamurru cujban/Il passe, l’air hautain – 2’27
Il passe, l’air hautain,
S’éloigne sans saluer
N’est-ce pas étonnant
N’est-ce pas péché
Ô bonnes gens que la passion
Amène à boire la coupe de la mort
Si l’aimé accable
Son captif amoureux
2- cAdhdhibûnî/Torturez-moi – 3’47
Torturez-moi tant que vous voudrez
Le supplice, puisque je vous aime, est délice
Je vous aime avec ferveur
Votre esclave je suis, à vous j’appartiens
J’agrée à ce qui vous agrée
Personne d’autre que vous
Je ne désire
3- Yâ ghazâla al-ramli/Faon du désert – 2’30
Ô faon du désert, ô extase !
Notre secret allait être dévoilé
Tu as la boisson, tu as la coupe
Mon amour pour toi ne peut être délié
Rempli les coupes de ce vin jeune
Verse-moi et bois, ou bois et verse-moi
Tes lèvres pures
Sont boisson plus délicieuse :
Que le sang de la vigne et l’eau des nuages
Donne-m’en un verre et sers-toi de même
Vivre dans le bonheur c’est partager
4- Fî l-rawd anâ shuft al-jamîl/Dans le jardin, je vis une beauté – 3’50
Dans le jardin j’ai vu une beauté
Telle une branche ployant sous la brise
Sur sa joue était inscrit :
Gloire au Créateur des roses
Narcisses sont tes yeux, ô faon !
Tes œillades font chavirer mon cœur
Sur sa joue le jasmin dit :
Gloire au Créateur des roses
De voir l’éclat de ses yeux, j’ai dit :
Seigneur, ô Généreux
Les palombes sur les branches chantent :
Gloire au Créateur des roses !
5- Yâ dhâ al-qiwâmi al-samhariy/Beauté à la taille élancée – 3’11
Beauté à la taille élancée
Sucre est ta salive
De ta bouche aux lèvres généreuses
Apparaissent les perles les plus pures
Dure est la séparation, terrible l’éloignement !
Tu as privé mes yeux de sommeil
Hâte-toi, sois généreux, prends soin de notre amour
Ô beauté au front radieux !
6- Yâ bahjat al-rûh/Délice de mon âme – 2’10
Délice de mon âme, offre-moi une rencontre
Mon cœur est blessé, il ne peut plus endurer
Alors que mon cœur est amour, pourquoi m’abandonner !
Ton éloignement me rend fou, permets-moi de te voir
Apporte le vin, sers-moi sans discontinuer !
Ta face radieuse n’a pas de pareille
Offre-moi, ma lune, de tes lèvres un baiser
Fi de l’amour pur
Il m’a éreinté
7- Kahhala al-sihru/Yeux ensorceleurs – 5’27
Yeux ensorceleurs, noircis comme par magie
Joues telles des roses
Des branches font fi, la nuit, les belles tailles élancées
Les faons nous assaillent
De leurs yeux noirs
Et de nous font leurs captifs
Ah ! les yeux du faon égaré
Et ses joues qui rosissent d’amour
Ses yeux dégainent leur sabre
Attributs parfaits, tendre,
Beauté unique quand il apparaît
Bouche souriante qui nous offre
D’entre ses lèvres, roses délicieuses, des dents
A faire honte aux perles précieuses serties tel un collier
8- Ibcat lî jawâb/Envoie-moi un message – 8’07
Envoie-moi un message pour me calmer
Même des reproches, mais pas me priver
Trop longue est ton absence, dure est l’attente
Tu peux te réjouir que ton cœur m’ait délaissé,
Si tu aimes un autre et que tu m’as oublié
C’est un crime que tu as perpétré
Pour moi tu n’as pas d’égards
J’ai enduré, subi tant d’avanies
Tant de missives je lui ai envoyées
M’aurais-tu oublié le temps
Satisfait de me voir dans le tourment
J’ai pour moi un Dieu qui connaît ma peine
Du feu des souffrances il me rendra justice
Je n’ose dire que tu es le coupable
J’endurerai mes malheurs pour l’éternité
9- Billâhi yâ bâhî/Par Dieu, ô noble seigneur – 0’51
Sois clément avec ton amoureux transi
Peu lui importe le monde
S’il n’y avait toi et ta taille de saule
Tu as dévoilé le secret bien gardé
De mes larmes et ma maladie
Sur les tables de la loi le Calame a tracé
L’amour est juge et partie
10- Aqbala as-subhu/L’arrivée de l’aube – 3’56
L’aube arriva, chantant à la vie encore endormie
Les collines rêvent à l’ombre des branches assoupies
La brise fait danser les feuilles des fleurs fanées
Et cajole la lumière à travers les ombres obscures.
Après l’aube, le sommeil des noceurs est entrecoupé
Une fois bue la liqueur des lèvres,
Ils peinent à se réveiller
Interroge nos nuits passées
Comment leurs traces se sont effacées
Et les visages autrefois perles étincelants
Pourquoi se sont-ils renfrognés ?
11- Aqbala as-sâqî calaynâ/L’échanson s’approcha de nous – 3’05
L’échanson s’approcha de nous
Portant la coupe de vin
Il se pencha, hautain, sur nous
Telle la lune en plénitude
Yâ riyâr yâ ridôs
Yâ rimân sultâna man
Dieu protège l’aimé
De qui nous vient le salut
Etait-ce un songe ?
Glorifié alors soit ce songe !
Allons cueillir le fruit
De tes joues, beau jeune homme
Laisse les gens dire
Que je suis amoureux fou
Yâ riyâr yâ ridôs
Yâ rimân sultâna man
Toi qui me reproches d’aimer
Epargne-moi tes paroles
Tout feu autre que le feu de la passion
Est fraîcheur salutaire
12- Yâ qiwâm al-bân/Taille de saule – 3’14
Ô taille de saule, ma patience a atteint la limite
Offre-moi la clémence de tes yeux de gazelle
Ton regard délicat a anéanti mon cœur
Je suis mourant, aies pitié de mon malheur
Ton grain de beauté m’a anéanti
Et a entraîné mon cœur dans le désastre
Trop longues est l’absence
Ô seigneur des faons
Ô échanson, sers-moi du vin
Rempli ma coupe, sans t’arrêter, de la fille des outres.
13- Zâranî tahta al-ghayâhib/Sous couvert de la nuit – 2’19
Sous couvert d’une nuit d’encre
Me rendit visite une lune qui jamais ne se couche
Au milieu des astres elle ploie
A rendre jaloux le frêle rameau
Elle nous offrit à boire de ses lèvres sucrées
Ses joues ont emporté ma raison
Par leur beauté ensorceleuse
14- Bayna Qasyûnin wa Rabwah/Entre Qâsyoun et Rabwa) – 3’07
Entre Qâsyoun et Rabwa
A grandi ce faon
De ne pas le voir
Rien ne console mon cœur
Comment faire messieurs
Oserais-je espérer une rencontre
Parlez, dites-moi vrai
Il ne prête nulle attention aux plaintes, me dit-on
Comment autoriserait-il de le voir
Quand il s’approcha en se balançant,
Ployant tel le bambou,
Je lui dis :
Si tu étais le compagnon de mon âme
Ce serait pour moi honneur et gloire
Impossible, me dit-il
Oublie ces paroles.
Il se pencha sur moi :
Avec moi tu n’as nul espoir
- Référence : 321.082.083.084
- Ean : 794 881 921 928
- Artiste principal : Hassan Haffar (حسن حفّار)
- Année d’enregistrement : 2005
- Année de fixation : 2009
- Genre : Wasla
- Pays d’origine : Syrie
- Ville d’enregistrement : Paris
- Langue principale : Arabe
- Compositeurs : ꜤUmar al-Batsh ; Dâwûd Husnî ; Sayyid Darwîsh ; Sâlih Al-Mahdî ; Abû Khalîl al-Qabbânî ; Majdî al-ꜤAqîli ; Nadîm al-Darwîsh ; Bahjat Hassân ; Bakrî Kurdî
- Lyricists : Anonyme ; Fakhrî al-Bârûdî ; Abû al-ꜤAlâ’ al-Macarrî ; Majdî al-ꜤAqîli ; ꜤAnân al-Mînî
- Copyright : Institut du Monde Arabe