Sayyed al-Dowwi

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Né en 1934 dans le village de Qûs en Haute-Égypte, cheikh Sayyed al-Dowwi a appris la sîra par imprégnation auprès de son père, le hagg al-Dowwi, qu’il accompagnait lors de ses soirées publiques et privées. Cette famille d’origine tsigane, totalement arabisée, représente la version la plus « populaire » de la geste : les images de la poésie des Dowwi sont empruntées au quotidien des campagnes de Haute-Égypte, dans un dialecte rural qui laisse peu de place à l’arabe classique. Ils se distinguent en cela des cheikhs et des poètes semi-lettrés, tel Abû Husayn, plus tentés par une langue à prétentions savantes qui égare parfois le public. Quand il eut atteint dix ans, le Hagg lui fabriqua une rabâba à sa taille et Sayyed devint l’un des musiciens de son père. Plus tard, le vieux poète permit à son fils de chanter des sections de l’épopée, lui laissant au fil des ans une part de plus en plus importante. Amant dévoué de la geste, le père alla jusqu’en Tunisie rechercher l’information sur ses héros. A sa mort, Sayyed devint l’un des poètes les plus estimés du pays, et compléta son information auprès de Gâbir Abû Husayn, avant de repartir en quête d’information en Tunisie. Depuis le décès d’Abû Husayn, Sayyed al-Dowwi est le dernier poète complet, qui maîtrise l’histoire et l’improvisation, le jeu de la rabâba et le chant. Depuis le début des années 90, Sayyed al-Dowwi a été contacté par une troupe théâtrale cairote, al-Warsha (L’Atelier) de Hassan el-Geretly, qui recueille auprès de lui les passages de la geste qu’il est seul à connaître, et se propose d’intégrer cette expression populaire, à côté d’autres cultures en perdition, dans ses spectacles. Continuant ainsi l’œuvre entamée par Abd al-Rahmân al-Abnûdî, ces comédiens enthousiastes permettent au peuple égyptien des villes de renouer avec ses racines, et donnent à connaître une facette méconnue de son art au monde entier. Sayyed al-Dowwi se présente lors de ses sessions accompagné de deux joueurs de rabâba (Mubârak Muhammad et Hammâm Muhammad) et d’un percussionniste (Gamal Mossad).

Frédéric Lagrange


Album disponible : La Geste Hilalienne