La Daqqa

© Sam O’Selmou

Aux côtés de quelques conteurs de la place Jemaa el-Fna, au verbe puissamment original, ce fut naguère maître Ben Moqadem, dit Baba, qui représentait les arts traditionnels et populaires de Marrakech. Le public de la ville chérissait ce personnage aux gestes solennels. Quand il présidait le jeu et que se profilait le final, le public guettait le célèbre turban blanc de Baba dont les mouvements de tête finissaient inexorablement par défaire les liens. L’on a jamais su si Baba provoquait délibérément la chute de son couvre-chef ou si, saisi intérieurement par l’embrasement final, le bandeau se dénouait.

Aujourd’hui, son neveu et disciple Abderrazzak Ben Moqadem veille sur la tradition familiale et résiste tant bien que mal à la tentative de folklorisation de cet art. A son tour il a adopté le nom de Baba et collabore avec El-Hadj Abdeslam et Bâ Jaddi, deux maîtres, à l’autorité incontestable, qui incarnent aujourd’hui l’art de la daqqa de Marrakech.

Jaafar Kansoussi – sociologue


Album disponible : Tambours sacrés de Marrakech