Abdel Gadir Salim

© Hugo Glendinning

Géant souriant à l’allure princière, Abdel Gadir Salim a fait partie du trio d’étoiles modernes soudanaises qui, en 1986, a effectué une tournée européenne, la première du genre pour des musiciens soudanais. Un an auparavant, il s’était produit lors des « Journées des Musiques arabes de Nanterre » face à un public vite conquis par une forme de musique jusque-là inconnue de lui.

Né à El-Obeïd, la première ville-oasis nichée dans le fin fond de la province du Kordofan, Abdel Gadir se destinait à une carrière d’enseignant, mais sa passion pour la chanson en décidera autre­ment. Bien que dans sa famille, on ne comptât aucun musicien, il s’est initié très tôt au luth, d’abord tout seul, avant de s’inscrire à l’Institut de la Musique et du Théâtre où il effectue cinq années d’études. Il y a appris des notions classiques, mais toute la musique qu’il aime vient du Kordofan.

Les compositions d’Abdel Gadir Salim tirent leur inspiration de ce Kordofan tant aimé et, au tout début, il les chante en solo avec le luth pour tout sup­port. En 1970, il enregistre à la fois pour la radio et la télévision son plus grand titre de gloire, la chanson « Umri Ma Bansa » (Jamais je ne t’oublierai) qui révélera aux Soudanais une part ori­ginale d’eux-mêmes. Elle aura le même retentissement que le célèbre standard « Mambo sûdâni » et ouvrira la voie à un mouvement rénovateur mais respectueux de la ligne mélodique d’origine. Entre-temps, Salim fonde le groupe Ail Stars composé de sept musiciens maniant habilement violons, guitare, percussions orientales et occidentales (bongos) et saxophone. Célèbre, il n’en reste pas moins humble et la popularité dont il jouit, il la doit à de multiples facteurs.

Christian Poché


Album disponible : Le Blues de Khartoum