Mohammad al-Harithi

Mohammad al-Harithi est l’un des derniers représentants authentiques de la musique classique du Yémen, le « chant de Sanaa », alghinâ’ al-san’ânî (du nom de la capitale historique). Il chante la poésie homaynî, émaillée de dialecte de Sanaa, en s’accompagnant au luth. Originaire de la ville de Kawkabân, il est l’héritier d’une longue tradition aristocratique de lettrés, de poètes et de musiciens.

Né vers 1930 dans une famille de lettrés, Mohammad al-Harithi a passé toute sa jeunesse dans cet environnement naturel majestueux et exaltant. Comme il se devait, on lui enseigna la religion et la poésie, mais ce qui lui plaisait surtout, c’était le chant. Il l’apprit clandestinement car sa famille considérait que la musique profane était contraire à la religion et à l’honneur familial. Aussi le jeune Mohammad allait-il se cacher dans les grottes de cette région escarpée, où il pouvait s’exercer sans être dérangé. Il avait fondé avec des amis de son âge un club poético-musical qui se réunissait dans la montagne, et avait pour seul public les brebis et les oiseaux de proie des sommets…

Ayant choisi son camp pendant la guerre civile (1962-1967), Mohammad al-Harithi chanta dans les tranchées pour défendre la République. Il risqua ainsi sa vie pour soutenir le moral des troupes, ce pour quoi il est très respecté dans son pays. Il est aussi compositeur de plusieurs chansons originales, sur des thèmes parfois audacieux. 

Jean Lambert


Album disponible : L’Heure de Salomon