Ensemble David
On connaît bien peu les chants traditionnels de cette minorité chrétienne égyptienne qui est désignée sous le nom de coptes, une altération du grec Aegyptoe. Cantonnée dans le secret des offices, la musique liturgique copte ne s’est, à nouveau, publiquement manifestée qu’au début du XXe siècle. S’articulant autour de trois messes, dont celles de Saint-Basile et Saint-Grégoire de Naziance en particulier, elle s’interprète à l’unisson et se distingue par de très longues phases, toutes scandées, ou marquées par le timbre métallique du seul instrument appelé naqûs (triangle). L’Ensemble de David, fondé en 1975 par Georges Kirollos, ressuscite consciencieusement un répertoire fondé sur des mélodies anciennes et des psaumes sublimés par d’impressionnants effets vocaux.
Tracklist
1– Hiten ni – 1’39
2– Amen ton thananton – 1’44
3– Hôs érof – 7’33
4– Abô orô – 9’49
5– Agios – 3’28
6– Ô nim naï – 3’44
7– Le Golgotha – 7’29
8– Aripsalin – 8’31
9– E agapi – 5’34
10– Ti epistoli – 11’29
11– Chenouda – 6’24
12– Ton sina – 6’29
Interprètes et instruments
George Kirollos (direction)
Ibrahim Ayad (chant)
Nevean Andrawes (chœur)
Nagui Awad (chœur)
Alfred Ayoub (chœur)
Joseph Erian (chœur)
Aziz Gerges (chœur)
Morcos Gerges (chœur)
Mariem Talaat Ghobrial (chœur)
Georges Guirges (chœur)
Nashat Ibrahim (chœur)
Gamal Ibrahim (chœur)
Maha Fawzy Ibrahim (chœur)
Afraiem Malaik (chœur)
Neveen Mechael (chœur)
Edward Sarabamoon (chœur)
Gamil Sidhom (chœur)
Traiza Tawadros (chœur)
À propos
Repères historiques
“ Le terme “ copte ” est tiré du mot grec Aegyptoe (Égypte). Le mot désigne aujourd’hui les chrétiens d’Égypte. (…) L’Église copte, fondée selon la Tradition en 43 par saint Marc l’Évangéliste à Alexandrie où, d’après la Tradition, il serait mort martyr en l’an 68, reste le prolongement toujours vivant de l’ancienne Église d’Alexandrie, célèbre depuis les premiers temps du christianisme par la multitude de ses martyrs. (…)L’Église copte inventa le monachisme. Paul, Antoine, Macaire, Pacôme, “ hommes ivres de Dieu ”, se retirèrent dans la solitude pour travailler de leurs mains, prier et vivre pleinement selon l’idéal évangélique. (…)
Le concile de Chalcédoine en 451 vient alors diviser les chrétiens. L’Église copte en rejette les décisions, essentiellement par opposition à Byzance, dont la domination est très lourde. Les persécutions rendent la séparation irrémédiable. La conquête par les Arabes en 640 vient mettre fin à ce chaos religieux en Égypte. (…) Par la suite, la situation devient tendue, les musulmans alourdissent les impôts, les conversions à l’islam se font nombreuses, les persécutions aussi, sauf sous les Toulounides et les Fatimides. Les coptes (…) connurent le statut de dhimmi. Ce statut a duré jusqu’en 1856, date à laquelle l’empire ottoman, sous la pression des puissances occidentales, accorde aux chrétiens de l’empire le statut de citoyenneté. C’est avec l’avènement de Mehemet Ali (1805-1848) que les coptes commencent à prendre part à la vie du pays. Ils adhèrent au mouvement national et, en 1919, contribuent largement au succès de la révolution qui aboutit à l’indépendance de l’Égypte en 1922. Mais la révolution de 1952 les met à l’écart de la vie politique.
A partir de 1970, des événements graves se produisent périodiquement en Égypte : (…) les intégristes musulmans profanent et incendient des églises, pillent et saccagent des magasins et autres propriétés appartenant aux coptes et portent atteinte à leur vie et à leur liberté. Les coptes subissent une ségrégation diffuse : ils sont privés de certains droits fondamentaux, tout poste de direction dans l’administration leur est interdit. (…) La fièvre intégriste atteint son paroxysme en 1981 avec la mise en résidence surveillée du pape Chenouda III, chef de l’Église copte, qui ne fut libéré qu’en avril 1985. (…)
Depuis quelques décennies, l’Église copte connaît un renouveau marquant qui fut d’abord l’œuvre de laïcs, réunis dans le mouvement des “ Écoles du dimanche ”. (…) Ils fixent trois directions à leur action : les uns s’attachent à réformer le monachisme du dedans ; d’autres entreprennent des études théologiques, se font prêtres et deviennent curés de paroisses afin de vivifier le clergé séculier ; d’autres enfin, restent laïcs, animant les mouvements de jeunes dans les différents domaines de la vie sociale. (…)
La liturgie copte est d’origine alexandrine, avec des emprunts aux liturgies byzantine et syrienne. Mais elle se caractérise surtout par l’influence du monachisme. Ce n’est pas seulement la célébration de l’office divin qui, ici plus que nulle part ailleurs, se coule dans le moule de la tradition monastique avec ses longues psalmodies, son caractère scripturaire prononcé, sa répugnance pour les rites extérieurs. (…) ”
d’après Wadie ANDRAWISS, Encyclopédie des religions, v.1, p. 493 à 495, Bayard Éditions, Paris, 1997.
Repères musicologiques
Le chant et la cantillation occupent une place prépondérante durant l’office liturgique, ou ce qui relève de l’hymnologie. Il a même été prouvé qu’il existait un répertoire copte profane se distinguant de la musique arabe en règle générale. Ce chant et sa technique se sont transmis oralement. Les chantres dits psaltes en ont été les dépositaires et les vecteurs essentiels. Une tradition voulait même que les meilleurs chantres aient été aveugles. Sans doute la cécité prédisposait-elle à une liaison avec le divin, comme il a été dit. Toujours est-il que l’un des plus glorieux chantres de ces dernières décennies, s’est avéré être Mikha’îl Girgis al-Batanûnî, aveugle de naissance. Sa réputation a été telle, qu’au Congrès du Caire de 1932, il a été appelé, et quelques-unes de ses mélodies ont été enregistrées.
Les sources de la musique copte ne sont pas uniquement tournées vers l’Egypte pharaonique. La Grèce et Byzance ont également servi de modèle, en particulier la division byzantine de la technique chantée selon la formule tripartite du syllabisme, du modérément syllabique et du mélismatique, se retrouve ici. Par ailleurs il ne faut pas oublier que la langue grecque a également été adoptée dans l’office à côté de la langue copte. Il en va de même de l’arabe. Il faut également signaler l’importance qu’a pu avoir dans le passé, le chant syriaque et bien sûr la musique arabe avec laquelle le chant copte vit en étroite symbiose.
Bien que les premières études du chant copte ne remontent qu’au XIXe, c’est le XXe siècle qui a marqué l’essor et le renouveau de la musique liturgique copte. La connaissance de cette musique a considérablement évolué. On la doit plus particulièrement à la personnalité de Ragheb Moftah, l’ancien Directeur de la Musique à l’Institut des Etudes Coptes du Caire.
Le chant sacré s’articule avant toute chose autour de la messe. Les Coptes possèdent trois liturgies : la Messe de Saint Basile, celle de Saint Grégoire de Naziance et celle de Saint Kyrillos, moins pratiquée en raison de la perte de certaines mélodies. A côté de la messe, de nombreux rites (taqs) liés à une période de l’année, font appel au chanté. Ils ont développé un répertoire parallèle. La notion de mode se confond ici avec celle de lahn : celui-ci représente l’idée de mode, comme il véhicule des formules mélodiques fixes. Une hymnologie s’est ainsi développée au cours des siècles formant un corpus imposant.
Le chant sacré copte est homophonique pour chœur à l’unisson. Il se déroule sur de très longues phrases qui sont toutes scandées, par accentuation, ou marquées par le timbre métallique du seul et unique instrument naqûs. Ce dernier a pour mission d’encadrer le chant et de le diriger dans un moule métrique.
Ecouter de la musique liturgique copte n’est pas chose aisée en dehors de l’office. Il faut donc immanquablement se rendre en Egypte. Conscients de cette problématique, les responsables coptes ont fondé un choeur qui puisse répondre à cette initiative : faire connaître la musique copte en dehors de l’Office et hors du pays.
C’est ainsi que l’Ensemble David est né en 1975 sous la direction de Georges Kirollos.
Christian Poché
Détails des enregistrements
1- Hiten ni – 1’39
Chant de messe ordinaire
Par l’intercession de la mère de Dieu, Sainte Marie, Ô Seigneur,
Accorde-nous la rémission de nos péchés.
Nous nous prosternons devant toi, Ô Messie,
Ton Saint-Père et le Saint-Esprit,
car Tu es venu et Tu nous as sauvés.
Miséricorde de paix.
Offrande de louange. (…)
2- Amen ton thananton – 1’44
Proclamation formulée en langue grecque, mais chantée sur une musique purement égyptienne.
Amen, amen, amen, nous proclamons Votre mort, Ô Seigneur, nous confessons Votre Sainte Résurrection et Votre Ascension.
Nous Vous louons, Ô Seigneur, nous Vous bénissons, nous Vous rendons grâce et Vous supplions, Ô notre Dieu.
3- Hôs érof – 7’33
Le verset final de la quatrième louange de la Psalmodie (un ensemble de louanges d’amour pur et simple). C’est en effet le même cantique qu’ont chanté les trois jeunes hommes, amis de Daniel, dans la fournaise.
4- Abô orô – 9’49
Il s’agit là d’un des chants interprétés en diverses occasions et variant selon les circonstances. Ici, il commence par une mélodie joyeuse pour se terminer sur une note triste.
5- Agios – 3’28
Ou le Trisagion (= trois fois Saint) est empreint d’une joie particulière propice aux jours de fête, grâce à sa mélodie spécialement conçue pour les précéder. Comme ailleurs, les paroles sont en grec, tandis que la musique reste ancrée dans les vieilles traditions égyptiennes.
Saint Dieu, Saint le Fort, Saint l’Immortel, Toi qui es né de la Vierge, aie pitié de nous.
Saint Dieu, Saint le Fort, Saint l’Immortel, Toi qui fus crucifié pour nous, aie pitié de nous.
Saint Dieu, Saint le Fort, Saint l’Immortel, Toi qui ressuscitas des morts et montas au ciel, aie pitié de nous.
6- Ô nim naï – 3’44
Ce chant très mélodieux, célèbre les concordances entre les prophéties de l’Ancien Testament et les événements de la Résurrection du Christ. Il a pour titre les premiers mots : “ Quelles symphonies ”.
Quelles symphonies agréables et prophétiques qui témoignent du Christ, de ses douleurs et de sa sainte résurrection…
7- Le Golgotha – 7’29
C’est une quasi-procession, lente, gracieuse et dénuée de désespoir. Elle est chantée après la douzième heure du Vendredi Saint (six heures de l’après-midi), juste à la fin des prières.
Le Golgotha en hébreu, kranion en grec, c’est l’endroit où l’on Vous a crucifié, Seigneur. Vous avez étendu les mains. On a également crucifié deux voleurs avec Vous, à votre droite et à votre gauche, et Vous au milieu, Ô Bon Sauveur. Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.
8- Aripsalin – 8’31
A l’instar des Psaumes alphabétiques, ce chant suit l’alphabet gréco-copte. Il fait partie de la Psalmodie.
Chantez pour celui qu’on a crucifié pour nous et enterré, et qui s’est levé, annulant la mort et l’humiliant.
Louez-Le, exaltez-Le plus encore.
Débarrassez-vous de l’homme ancien et vêtissez-vous du nouveau luxueux.
Approchez la grande miséricorde, louez-Le et exaltez-Le plus encore.
Ô Chrétiens, prêtres et diacres, glorifiez le Seigneur car il le faut.
Louez-Le et exaltez-Le plus encore.
9- E agapi – 5’34
Chant solo.
Ce chant évoque “ l’amour du Père, la grâce du Fils et l’alliance et le don du Saint-Esprit ” pour le Pape, les évêques et tout le peuple.
10- Ti epistoli – 11’29
Chant de la semaine de la Passion
11- Chenouda – 6’24
Hommage au Pape Chenouda III, patriarche de l’Église copte orthodoxe et de la diaspora.
12- Ton sina – 6’29
Chant interprété au moment des fêtes de Pâques. A cette occasion les diacres exécutent une procession autour de l’Église.
- Référence : 321.022
- Ean : 794 881 486 021
- Artiste principal : Ensemble David (مجموعة دافيد)
- Année d’enregistrement : 1999
- Année de fixation : 1999
- Genre : Liturgie copte
- Pays d’origine : Egypte
- Ville d’enregistrement : Paris
- Langue principale : Copte
- Compositeurs : Musique traditionnelle
- Lyricists : Musique traditionnelle
- Copyright : Institut du Monde Arabe