Hasan al-‘Ajami

Bien qu’encore jeune, Hasan al-‘Ajami est l’héritier direct des plus grands maîtres du chant de Sanaa, disparus dans les années 60 : Sâlih al-‘Antarî, qui enregistra des 78 tours à Aden dès les années 30 et conquit le public yéménite avec son jeu brillant et virtuose, et Ahmed Fâyie’, surnommé « la souris » à cause de son corps chétif et de sa modeste allure, qui demeura méconnu de son vivant, car il n’avait pas quitté Sanaa à l’’époque où l’imam Yahya interdisait la musique. Fils et petit-fils de musicien, Hasan a eu la chance d’écouter al-‘Antarî et Fâyie’, ainsi que son propre grand-père, de leur vivant, alors qu’il débutait son apprentissage. Ces influences de courte durée, mais combien marquantes, ont laissé sur lui une empreinte indélébile.

C’est grâce à cette expérience que la tradition nous a été conservée dans toute sa richesse. Dans les années 60-70, le ghinâ san’ânî subit une certaine décadence due entre autres à l’abandon du qanbûs pour le luth oriental. Après une traversée du désert de plus de trente ans, la tradition authentique réapparaît miraculeusement par l’intermédiaire de Hasan al-‘Ajami, qui s’est produit en public pour la première fois à l’Institut du monde arabe en janvier 1998.

Hasan al-‘Ajami est le seul yéménite à jouer du qanbûs selon la tradition ancienne. Son style se distingue de tous les autres, de même qu’il se distingue par son propre style au luth oriental (dont il joue également à merveille). Les nuances sont produites par la main droite, grâce à des variations de tension dans la tenue du plectre, ainsi que par un toucher de la main gauche qui, très souvent, se suffit à lui-même et se passe du pincement de la main droite, grâce à la résonance naturelle de l’instrument.

Jean Lambert


Album disponible : Le chant de Sanaa