Ahmed ‘Ushaysh

Ahmed ‘Ushaysh est lui aussi l’un des tous derniers représentants de cette tradition. Il chante en s’accompagnant d’un plateau en cuivre, sahn mîmiyeh.

Ce plateau, fait d’un alliage particulier et que l’on peut assimiler aux gongs d’Asie du Sud-Est, accompagne la voix seule ou la voix et le luth ensemble (voir plages 1 et 2). Reposant délicatement à l’horizontale sur les deux pouces, pour conserver le maximum de résonance, le plateau est percuté par les huit autres doigts. Comme principal instrument de percussion, le sahn est source d’innovation rythmique, étirant à plaisir les cycles impairs de 11 temps en 14, 17 voire 20 temps. La voix n’ayant pas d’instrument mélodique pour la soutenir, elle remplit fréquemment les vides entre les paroles du poème par des syllabes sans signification (la-lal-lî, dân dâna, etc.) dont la maîtrise constitue tout un art en soi.

Comme pour Hasan al-‘Ajami, les concerts de l’IMA de janvier 1998 ont offert à Ahmed ‘Ushaysh la première occasion de se produire en public. Depuis, Ahmed ‘Ushaysh nous a hélas quittés, peu de temps après son retour au pays. Ces enregistrements sont à la fois un témoignage historique unique et la trace émouvante de sa voix disparue.

Jean Lambert


Album disponible : Le Chant de Sanaa