![La voix de l'amour](/wp-content/uploads/2019/10/321071-La-voix-de-l-amour_Couv-cd-PICTO-300x268.jpg)
Waed Bouhassoun
« La voix de l’amour », c’est ainsi que l’on surnomme Waed Bouhassoun, musicienne syrienne de talent, qui chante en s’accompagnant au luth.
Nul doute que la voix de la jeune Waed incarne l’amour, comme le montre la sélection de poèmes et de textes choisis pour ce premier enregistrement. Tantôt avec force, tantôt avec fragilité, sa voix exacerbe l’émotion, jusqu’à porter à son paroxysme le sens des poèmes d’un Ibn Zaydoun, d’un Jalal-Eddine Rûmî, d’une Wallada… ou encore d’un Tahar Abou Facha ou d’un Mahmoud Bayram al Tounissi, célèbres paroliers d’Oum Kalthoum.
Intimiste et épuré, cet enregistrement invite l’auditeur à pénétrer dans un monde empli de délicatesse et de raffinement.
Tracklist
1 – Yâ nâ’iman/Ô toi qui dors – 8’08
2 – Yâ wâhiban/Ô toi qui donnes – 5’59
3 – Aghâru calayka/Je suis jalouse – 8’02
4 – ‘Araftu l-hawâ/Je connais l’amour – 9’53
5 – Taqsîm Nahawand/Improvisation dans le mode Nahawand – 4’27
6 – Bismi l-Ilâh/Au nom du Divin – 6’00
7 – Biridaka yâ Khâliqî/Par ta seule volonté Ô Créateur – 5’13
8 – Yâ fajr lamma ttoll/Ô Aube, lorsque tu apparais – 5’16
9 – Awqidû l-shumûcu/Allumez les cierges – 6’26
Interprètes et instruments
Waed Bouhassoun (chant, oud)
Ghassan Ammouri (kanoun)
Mahmoud Chaghallé (riqq)
À propos
Palais de la culture d’Assilah, août 2008. Elle est assise, en robe blanche ; sur ses genoux, le petit luth dont elle ne se sépare jamais. Elle se lève, abandonne son instrument, porte la main à son oreille droite et psalmodie doucement, a cappella, un chant poignant, une interprétation rarement entendue par les connaisseurs. Elle murmure, s’élance dans les aigus, bascule dans les graves, monte en puissance, délie syllabe après syllabe des vers indomptables et achève sa complainte, presque exténuée, libérée d’une lourde promesse. Les spectateurs se lèvent comme un seul homme, l’ovationnent debout. Ils sont du Maroc, du Moyen-Orient et du Golfe arabique, d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud. La compréhension de son poème n’a plus d’importance ; l’interprétation est tout. C’est le moment exceptionnel ce 30e Moussem international d’Assilah.
« Je ne sais pas ce qui me plaît en particulier chez Oum Kalthoum. Je prends tout chez elle. J’ai grandi avec sa voix ; c’est tout », dit Waed Bouhassoun. La chevelure de jais ramassée dans la nuque, les yeux émeraude presque intimidés, mais têtus. L’apparence semble fragile, mais l’esprit est tenace comme l’Atlantique qu’elle contemple. Waed chante des poèmes arabes intangibles, comme ceux de Râbica al-cAdawiyya, figure miraculeuse du soufisme musulman, esclave affranchie née vers 713 en Irak, et des kalthoumiates, chansons immortalisées par Oum Kalthoum. Waed cite quelques modèles masculins, le muezzin et hymnode Sabri Moudallal (1918-2006), Sabah Fahkri, né en 1933. Ils sont comme par hasard tous deux d’Alep, la cité du nord de la Syrie, véritable musée à ciel ouvert et surtout « l’oreille » du monde arabe. Avant le raï effronté d’Algérie connu en Occident ou la variété égypto-libanaise romantico-sexy déversée à jet continu sur le monde arabe par de puissantes télés du Moyen-Orient, Alep était considérée comme la ville des sammâcîn-s, les « écouteurs » arabes, ceux qui adoubent ou non la valeur d’un chanteur arabe. Waed est passée par là, son véritable baptême du feu dans les artères glaciales, en ce décembre 2005, du khan Soumah, souk d’artisans de père en fils.
Elle chante. Un châle jeté par une âme charitable sur ses épaules, un réchaud derrière elle, rossignol à la voix craintive, elle ferme les yeux et se lance dans des arabesques jusqu’au tréfonds de l’âme, de son âme. Le concert fini, les sammâcîn-s,commerçants, fonctionnaires, employés, des célébrités locales comme le premier Arabe à voyager dans l’espace avec les Soviétiques, lui posent doucement quelques questions sur ses origines, son apprentissage. Ils accordent leur « permis de chanter » : c’est une grande voix.
S’ensuivent son invitation au festival de l’Imaginaire de la Maison des Cultures du Monde et à l’Institut du Monde Arabe, à Paris, à l’Opéra de Damas et d’Alep, aux festivals d’Assilah, de oud de Tétouan, des musiques sacrées de Fès, au Maroc, à celui de la Médina de Tunis. Elle chante le plus grand des poètes soufis, Jalal-Eddine Rûmi (XIIIIe siècle). Le Commissariat de « Damas capitale arabe de la culturelle 2008 » lui propose d’être la chanteuse syrienne qui, en compagnie d’artistes espagnols, ouvrira sa manifestation. Il s’agit pour elle d’interpréter, sur une musique de sa composition, des poèmes des deux Andalous Ibn Zaydoun et Wallada, alors que le chanteur de flamenco Curro Piñana interprètera des poèmes d’Ibn Arabi (XII-XIIIe siècles). Le 31 janvier 2008, les artistes terminent par une improvisation commune au Salon des Ambassadeurs de l’Alhambra de Grenade, retransmise par la télévision syrienne, en présence de la reine d’Espagne et d’Asma el-Assad, Première dame de Syrie.
Mais auparavant, Waed, sur la proposition de la Maison des Cultures du Monde, chante à l’Opéra Bastille, avec le grand joueur turc de flûte nây Kudsi Ergüner, les poèmes de la mystique Râbica al-cAdawiyya. Un spectacle qui sera présenté en Syrie, à Soueida, en présence d’Asma el-Assad, avant de se transporter au festival de Spoleto en Italie ; un prélude aux tournées qu’elle a décidé de faire seule avec son oud, qu’elle garde toujours sur les genoux.
Bouziane Daoudi
![](http://arabosounds.lunettesnoires.net/wp-content/uploads/2019/10/OSM30378-740x494.jpg)
Les enregistrements
1- Yâ nâ’iman/Ô toi qui dors – 8’11
poème de Ibn Zaydoun, mis en musique et interprété par Waed Bouhassoun (oud et voix)
Ô toi qui dors et dont l’amour m’a réveillé
Aide-moi à m’assoupir, toi le dormeur
L’amour te réjouit et moi j’en suis meurtri
Entre nous, seul Dieu est juge
Quel mal y aurait-il si tu me prenais en pitié
Car de mon mal, tu es bien conscient
Je prononce, une fois mon chagrin dissipé
Les paroles d’un malheureux au cœur éperdu
Ô toi, pour qui mon amour au grand jour s’est étalé
De toi, mon cœur souffre et se consume
Lorsque tu t’absentes, le monde entier me quitte
Mais si tu es présent, le monde entier est là.
2- Yâ wâhiban/Ô toi qui donnes – 6’02
poème de Jalal-Eddine Rûmi, mis en musique et interprété par Waed Bouhassoun (oud et voix)
Ô toi qui donnes, qui détiens les mystères de l’univers
Toi qui perces tout secret, pourquoi mon malheur
Que deviens-je, avec mon âme pleine de douleur
Pleine de ce mal qui la torture
J’ai un bien-aimé dont l’amour me ronge de l’intérieur
Il peut faire de moi ce qu’il souhaite
Ce désir qui attise ma douleur
Nul savant n’en a jamais parlé
3- Aghâru calayka/Je suis jalouse – 6’49
poème de Wallada, mis en musique et interprété par Waed Bouhassoun (oud et voix)
De mes propres yeux, de moi-même, de toi,
De ton temps et de l’espace, je suis jalouse
Et même si dans mes yeux je te cachais
Jusqu’à la fin du monde, cela ne suffirait
Les nuits défilent sans venir à bout de la séparation
Sans que la patience me préserve de la servitude de la passion
Pourrions-nous, après tant d’éloignement
Nous retrouver, nous partagerions alors notre souffrance
Que Dieu nourrisse une terre devenue ta maison
D’une pluie se répandant avec abondance
Je suis, mon Dieu, digne de tous les honneurs
J’avance avec fierté et orgueil
à mon amoureux, je tends ma joue
Et j’offre mes baisers à qui les désire
4 – cAraftu l-hawâ/Je connais l’amour – 9’56
texte adapté du poème de Râbica al-cAdawiyya « Je t’aime de deux amours » par Tahar Abou Facha, mélodie de Riad al-Sunbati, interprété par Waed Bouhassoun (voix) et Ghassan Ammouri (kanoun)
Je connais l’amour depuis que le tien m’a inondé
Et j’ai fermé mon cœur à qui t’est hostile,
Je te prie avec ferveur, ô toi qui scrutes
Nos cœurs, mais qui à nos yeux demeure invisible
Je t’aime de deux amours, un amour de passion
Et l’amour que tu mérites et dont tu es digne
Pour ce qui est de l’amour de passion
C’est celui qui fait de ton invocation mon unique préoccupation
Quant à l’amour dont tu es digne
Il fait disparaître le voile qui m’empêche de te voir
Je ne mérite d’être louée pour aucun des deux
Mais sois, Toi, loué pour l’un et pour l’autre
Je t’aime de deux amours, un amour de passion
Et l’amour que tu mérites et dont tu es digne
Pour toi j’éprouve deux désirs, le désir que l’éloignement suscite
Et le désir d’être sous ta flamme
Pour ce qui est du désir de l’éloignement
De ton absence, mes larmes il fait couler
Quand au désir de ta flamme
Dans ta lumière, il consume celle de ma vie
Je ne mérite d’être louée pour aucun des deux
Mais sois, Toi, loué pour l’un et pour l’autre
5- Taqsîm Nahawand/Improvisation instrumentale dans le mode Nahawand – 4’29
par Waed Bouhassoun
6- Bismi l-Ilâh/Au nom du Divin – 6’02
poème de Jalal-Eddine Rûmi, mis en musique et interprété par Waed Bouhassoun (oud et voix)
Au nom du divin, qui met à l’épreuve
Ses serviteurs et leur ouvre les portes
Du miséricordieux, j’ai fait mon Dieu, le bienfaiteur
Car il est celui qui donne sans retenue
J’ai imploré le pardon du miséricordieux, que l’on prie
Pour qu’il nous pardonne nos péchés
Ô Seigneur, accorde-nous ton indulgence
Je me repends de tout ce qui a précédé
Si mes remords sont rejetés et refusés
Les excuses d’un amoureux éperdu seront-elles acceptées
Je me sacrifie pour celui qui s’il m’aperçoit
ébranle, se réjouit, disparaît, me tue
Telle la pleine lune, ses moments d’absence me perturbent
Comme elle, je fonds lorsqu’il m’adresse la parole
7- Biridaka yâ Khâliqî/Par ta seule volonté Ô Créateur – 5’16
texte de Mahmoud Bayram al Tounissi, mélodie de Zakariyya Ahmad, interprété par Waed Bouhassoun (voix) et Ghassan Ammouri (kanoun)
Par ta seule volonté Ô mon créateur, et non la mienne
Tu as créé ma voix et de ta main tu as conçu mes membres
Par ma voix, Ô mon Dieu, mes désirs et mes vœux sont exaucés
Lorsque avec ardeur je te prie et que tu entends mes plaintes
8- Yâ fajr lamma ttoll/Ô Aube, lorsque tu apparais – 5’18
poème traditionnel, mélodie de Mustapha Kreideh, interprétée par Waed Bouhassoun (oud et voix)
Ô Aube, lorsque tu apparais
parée des couleurs du jasmin d’Arabie
Réveille le monde entier
et mon bien-aimé en tout premier
Mon bien-aimé, en tout premier
Lorsque tu seras dans le quartier
et que tu y apporteras la lumière
Entre chez mon bien-aimé,
Ô aube, chez lui en tout premier
Réveille le monde entier
et mon bien-aimé en tout premier
Mon bien-aimé, en tout premier
Ô aube, ces nuits de larmes
sont longues pour le cœur meurtri
Va chez mon bien-aimé,va
Ô aube, chez lui en tout premier
Mon bien-aimé, en tout premier
9- Awqidû l-shumûcu/Allumez les cierges – 6’27
texte de Tahar Abou Facha pour le film « Râbica al-cAdawiyya », mélodie de Mohammad Mouji, interprété par Waed Bouhassoun (oud et voix), Ghassan Ammouri (kanoun) et Mahmoud Chaghallé (percussion riqq)
Allumez les cierges
Faites résonner les tambours
Le cortège de la mariée
Dans les cieux, tourne
La grâce et la lumière
Et les belles jeunes filles
Et l’amour plane
Il est temps pour l’étranger
De trouver son protecteur
Son jour prochain
Est le rivage de la vie
Les désirs se cueillent
Et tournent dans les cieux
Faites résonner les tambours
Ô mon bien-aimé
Il erre meurtri
De ses blessures il souffre
Dans le refuge d’une porte
Son désir l’appelle
La grâce est vaste
Et s’étend à tous
Les désirs se cueillent
Et tournent dans les cieux
Faites résonner les tambours
Le spectre de la paix
Répand le salut
Les dormeurs, il réveille
Son engagement inébranlable
Est une oasis de délivrance
Le début du chemin
En est la fin
Les désirs se cueillent
Et tournent dans les cieux,
Faites résonner les tambours
- Référence : 321.071
- Ean : 794 881 913 923
- Artiste principal : Waed Bouhassoun (وعد بوحسون)
- Année d’enregistrement : 2008
- Année de fixation : 2008
- Genre : Chant soufi
- Pays d’origine : Syrie
- Ville d’enregistrement : Paris
- Langue principale : Arabe
- Compositeurs : Waed Bouhassoun ; Riad al-Sunbati ; Zakariyya Ahmad ; Mustapha Kreideh ; Mohammad Mouji
- Lyricists : Ibn Zaydoun ; Jalal-Eddine Rûmi ; Wallada ; Râbica al-‘Adawiyya ; Mahmoud Bayram al Tounissi ; Tahar Abou Facha ; Musique traditionnelle
- Copyright : Institut du Monde Arabe