Naïssam Jalal est née à Paris de parents syriens ; son père est peintre. « Je n’ai fait qu’y naître », s’amuse cette fille de la banlieue parisienne : elle a grandi à Torcy, Seine-et-Marne, avant d’habiter Saint-Denis, peut-être la commune de Seine-Saint-Denis la plus jeune et cosmopolite de l’Hexagone. La vocation de Naïssam est encouragée par le danseur et contrebassiste de musique classique et jazz Michel Thouseau : alors qu’il anime un vernissage du père de Naïssam, il invite la jeune fille à se joindre à son improvisation. « L’improvisation m’a libérée. Sans partition, j’ai eu l’impression de m’exprimer avec la musique pour la première fois », se souvient la flûtiste.
Naïssam, qui étudie la flûte traversière classique depuis ses six ans, vient de découvrir l’improvisation à l’âge de dix-sept ans. Diplôme en poche, elle quitte le conservatoire pour intégrer Tarace Boulba, une fanfare associative funk, afrobeat, ska et reggae créée en 1993 et ouverte à tout musicien, qui l’entraîne en tournée au Mali.
A dix-neuf ans, Naïssam part sur le chemin de ses racines : plusieurs mois d’apprentissage du nay au Grand Institut de musique arabe de Damas, des études au Caire auprès du maître Abdu Dagher, fabuleux violoniste de la prodigieuse Oum Kalsoum (vers 1898-1975). La jeune flûtiste joue au côté de Fathy Salama, novateur en matière d’accord de la tradition égyptienne avec d’autres rythmes du monde. En 2006, retour en Europe, dans différents pays, notamment en France où Naïssam épaule le rappeur libanais Rayess Bek.
Naïssam souffle de tout, rap, jazz, tango, musique mandingue, maqâm arabe. Artiste sans frontière, elle accompagne le compositeur malien Cheick Tidiane Seck, le percussionniste américain Hamid Drake. Elle invite pour ses propres compositions la chanteuse malienne Mamani Keïta et le chanteur algérien Amazigh Kateb, fils de l’écrivain Kateb Yacine (1929-1989) et participe à des enregistrements dès ses dix-huit ans, avant que, en 2006, ses propres œuvres figurent sur un premier album. En 2011, Naïssam forme son groupe Rhythms of Resistance, un quintet à la tête duquel elle sort deux enregistrements. En 2016, elle publie l’album Almot wala almazala (La mort plutôt que l’humiliation) où elle rend hommage aux martyrs de la révolution syrienne.
Elle compose aussi pour le cinéma et le théâtre.
Bouziane Daoudi
Album disponible : Liqaa