Hazem Shaheen est né à Alexandrie en 1978. Vingt ans plus tard, il obtient son diplôme de l’Institut supérieur de musique arabe du Caire avec la mention « excellent ». Le jeune homme est vite devenu un as du oud. Au bout de trois ans d’étude, il est l’un des premiers diplômés, en 2002, de la Maison du luth arabe, la première école au monde entièrement dévolue à l’enseignement du oud, fondée au Caire en 1999 par Naseer Shamma. Le maître kurde irakien de ce sultan des instruments de musique arabes avait été emprisonné en 1989 pendant près de six mois pour avoir critiqué la politique de Saddam Hussein (1937-2006), avant de prendre le chemin de l’exil. « J’ai refusé à trois reprises de jouer pour ce fou », dira-t-il. Une insoumission bien comprise par Hazem Shaheen, lui-même fils d’un communiste engagé de toujours auprès des démunis, Hussain Shaheen, célèbre opposant au régime despotique égyptien quel que soit son pharaon, Anouar el-Sadate ou Hosni Moubarak.
En 2001, Hazem est sacré « meilleur joueur de oud du monde arabe », lors d’une compétition internationale du genre à Beyrouth sponsorisée par l’Université catholique de la capitale libanaise. Il fonde son propre orchestre, Eskenderella (un mot mixant Alexandrie et Cendrillon) qui interprète ses compositions, inspirées par les strophes de poètes égyptiens. Le groupe reprend souvent les paroles et musiques de deux figures mythiques de la mélodie égyptienne : l’Alexandrin Sayed Darwich (1892-1923), pionnier du renouveau de la tradition du Nil, et le barde non voyant Cheikh Imam (1918-1995), né dans un village proche des pyramides de Gizeh, qui a connu plusieurs séjours en prison pour ses chants contestataires, notamment sous la présidence d’Anouar el-Sadate (1970-1981). Hazem exprime ainsi son attachement à la culture populaire égyptienne et arabe.
Hazem Shaheen a enseigné le oud pendant cinq ans à la Maison du luth arabe, avant de poursuivre son enseignement, depuis 2005 et jusqu’à aujourd’hui, au sein de la très exigeante Maison de l’Opéradu Caire. Il a publié un premier album, Al Aysh wal malh (Le pain et le sel), en 2006, avec son orchestre Masar, et un deuxième en 2009 : Hagât wahshâny (Choses qui me manquent).
Bouziane Daoudi
Album disponible : Liqaa