Ahmad Al Khatib naît en 1974 dans un camp de réfugiés palestiniens en Jordanie. Il apprend à jouer du oud dès l’enfance, puis reçoit l’enseignement du maestro palestinien Ahmad Abdel Qasem. Il étudie ensuite la musicologie et le violoncelle occidental classique à l’université Al-Yarmuk (Jordanie), obtenant en 1990 et 1991 le premier prix de la Compétition de musiciens en solo. Diplômé avec mention en 1997, il s’installe à Ramallah, en Palestine, et rejoint le Conservatoire National de Musique Edward Said à Jérusalem-Est. Il enseigne au département de musique orientale avant d’en devenir directeur. En 1999, Ahmad monte le groupe Karloma, qui regroupe d’autres enseignants du conservatoire, dont Youssef Hbeisch.
Avril 2002 : l’armée israélienne impose un siège à de nombreuses localités palestiniennes. Pendant les couvre-feux, Ahmad compose. La même année, le visa lui permettant de vivre en Palestine n’est pas renouvelé. Forcé de partir, il continue néanmoins à travailler pour le Conservatoire Edward Saïd, bâtissant des liens avec d’autres conservatoires dans le monde arabe. Il publie cinq ouvrages novateurs d’enseignement du oud et cinq autres de transcription musicale pour les compositeurs arabes modernes, devenus aujourd’hui des références pour l’enseignement. Depuis 2004, Ahmad réside en Suède, où il a obtenu un master en Méthodologie de l’Éducation musicale. Il enseigne les Théories de la musique modale et de la composition, et la Musique d’ensemble à l’Académie de Musique et d’Art dramatique de l’université de Göteborg.
En 2004 paraît Sada (Résonance), premier album en solo. Y figurent en majorité des créations personnelles, mais aussi un hommage à Jamil et Mounir Bashir, musiciens à l’origine de l’école irakienne, laquelle combine les écoles égyptienne, syrienne et turque, et a renouvelé l’identité de la musique arabe. Ahmad Al Khatib est considéré dans tout le Proche-Orient comme un continuateur des grands virtuoses du oud. On ne peut donc qu’être frappé par sa modestie pleine de dignité, sa droiture toute en souplesse, la qualité de son écoute assortie à la profondeur de sa réflexion. Et ces traits de personnalité se retrouvent dans la musique qu’il offre, sa quête musicale ayant la grave noblesse d’une impérative quête de sens. Fils de poète, il dit avoir toujours envié leur l’habileté à jouer des mots, admiré leur aptitude à formuler visions et sentiments pour eux-mêmes et pour autrui ; et tenté, en composant, de faire de même par le biais du registre musical. Mais si la musique est son mode d’expression, elle est aussi mode de communication, au service de l’émotion générée chez ses auditeurs.
Album disponible : Sabîl